mercredi 19 mars 2014

La photo d'Auschwitz.

Auschwitz-Birkenau. Sous la porte d’entrée, vers l’intérieur du camp. 15 mars 2014.(*)


Le 27 janvier 1945, deux divisions de l’Armée rouge pénètrent dans le camp.
Peu de temps après, Stanislas Mucha photographie la porte d’entrée vue de l’intérieur du camp. Au premier plan, des gamelles diverses parsèment le sol sur une fine couche de neige. Les lignes formées par les voies ferrées se rejoignent au point de fuite sous la porte d’entrée.



La photographie d’Auschwitz vient d’être prise.
Elle sera copiée, reprise, le cadre parfois élargi, en couleurs, sous un ciel bleu, vue de l’extérieur, avec quelques visiteurs venant troubler l’historicité du lieu…
Aujourd’hui, les millions de visiteurs ayant remplacé les millions de déportés, tous s’attachent à se placer au milieu des voies ferrées afin d’obtenir la photo d’Auschwitz. Celle qu’on a vue et revue dans les livres scolaires, les journaux, les films documentaires ou de fiction. La photo d’Auschwitz est bien là pour dire : « J’y étais et cet endroit a bien existé. » Cette porte caractéristique, c’est Auschwitz dans toutes les mémoires. Elle est grande, haute, visible de presque tout le camp sauf des bois de bouleaux de Birkenau, cachée par son éloignement, d’autres bâtiments ou les frondaisons. Etait-elle aussi symbolique pour les déportés dont les blocks s’étalaient à perte de vue à ses pieds ? A-t-elle été fugitivement imprimée dans la brève mémoire des morts immédiats ?
« J’indique une fois encore qu’il est interdit de photographier dans les environs du camp. Je punirai très sévèrement ceux qui ne se conformeront pas à cette ordonnance » écrit Rudolf Höss, le commandant du camp le 2 février 1943. Les nazis détestent les traces sauf le sang des autres qui éclabousse leurs barbelés. C’est peut-être pour cette raison que nous photographions Auschwitz-Birkenau : laisser une trace de notre passage, témoigner illusoirement et s’inscrire dans les pas fondateurs de la photo de Stanislas Mucha.
Thierry Flammant
(*) Clément Chéroux, Mémoire des camps. Photographies des camps de concentration et d’extermination nazis (1933-1999), Marval, 2011 p. 102.

1 commentaire:

  1. Où avez-vous trouvé le nom de l'auteur de cette photographie reprise effectivement partout depuis 1945 ?
    Petite correction : celle qu'on a vue et revue, non ?
    Pas très fan de la phrase sur le sang et les barbelés, qui n'a pas grand sens sur le plan historique et tranche avec le reste de l'article. A vous de voir, bien sûr.

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