lundi 17 mars 2014

Vers Birkenau.

La Judenrampe.
Les déportés descendaient des trains "en rase campagne"
. Auschwitz-Birkenau. 15 mars 2014.
Le ciel de Pologne est bas, l’autoroute rectiligne, les forêts de bouleaux laissent encore passer la faible lumière de mars. Auschwitz-Birkenau n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres vers l’ouest. Une clairière se laisse deviner, une voie ferrée unique traverse la forêt. Des petites zones humides trahies par les roseaux hérissés parsèment les deux côtés de la route. Des villages au loin. Plus on s’approche, plus les voix deviennent basses pour finalement se taire lorsque les paysages emblématiques du gigantesque complexe nazi apparaissent. Enseigner Auschwitz va donc prendre tout son sens. Même si son enseignement a changé, même s’il a évolué vers plus de connaissances précises, Auschwitz-Birkenau nous accompagne depuis l’école primaire. Nous allons donc avancer sur cette terre qui a senti le poids de centaines de milliers de nos frères humains se faire plus léger à mesure qu’ils atteignaient la forêt extrême, là où ils partiraient en fumée après la barbarie.
A quelques pas, contre le vent, les rails sont là. La première rampe se trouve à l’écart du camp. La « Judenrampe ». Encombrée d’herbes sèches, soutenue par le tac-tac, tac-tac des trains qui empruntent une autre voie ferrée toute proche, elle longe des terrains vagues et, plus étonnant, une maison neuve avec son jardin, ses jeux d’enfant, la niche du chien. Comment vivre ici ? De quel droit ? Cette proximité en rappelle une autre : celle de la maison du commandant d’Auschwitz-Birkenau avec les crématoires. Il n’y a pas de mémoire courte. Il n’y pas de mémoire, seulement.
Thierry Flammant

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