jeudi 13 mars 2014

Des noms pour dire l'innomable.



Le Mémorial de la Shoah nous interroge sur la façon de perpétuer la mémoire d’un massacre qui défie la raison humaine. Comment reconnaître ce crime fait à l’Humanité ?
Dans les années 1950, la reconnaissance a d’abord été celle d’une communauté. Dans le quartier du Marais, où vivaient de nombreux Juifs, on construit une crypte abritant un tombeau en forme d’étoile de David dédié au « martyr juif inconnu » et rendant symboliquement hommage aux 6 millions de Juifs exécutés.
La mémoire est ici globale (religieuse et nationale) et anonyme.
pan de mur des noms où figure le nom de Simone Jacob (Veil).

En 2005, avec l’inauguration du Mémorial de la Shoah, on assiste une reconnaissance plus individualisée.  Alors que l’univers concentrationnaire avait pour objectif la négation de l’être humain, en de nombreuses salles, le mémorial redonne une dignité humaine aux déportés.
Ainsi, le Mur des Noms sur le parvis indique les patronymes et dates de naissance des 76000 déportés depuis la France (voir photo). Ailleurs, les milliers de noms portés sur les fiches établies par le régime de Vichy sont rassemblées. La salle du mémorial des enfants affiche, quant à elle, les portraits de 3000 des enfants déportés. Ainsi, est déconstruite la propagande antisémite visant à ne donner qu’un visage au Juif (pensons ici à l’exposition « Le Juif et la France » organisée par l’Institut d’Etude des Questions Juives de septembre 1941 à janvier 1942). Un peu partout dans les salles de l’exposition permanente, des vitrines reconstruisent les parcours de certaines personnes ou familles en nous donnant à voir leur photo, des papiers à leur nom, des effets personnels comme des vêtements. Enfin, des témoignages de quelques uns des 2500 survivants revenus des camps sont vidéoprojetés.

En somme, au delà de la froideur des données statistiques, cartes et autres documents administratifs proposés par l’exposition permanente, ce qui frappe, c’est cette volonté de redonner une identité et donc de réhumaniser (là est la reconnaissance) les dizaines de milliers de personnes que la barbarie nazie avait déshumanisées.

Eric Magne.

1 commentaire:

  1. La référence à l'univers concentrationnaire ne me paraît pas appropriée dans la mesure où l'immense majorité des victimes de la Shoah ne l'a jamais connu.
    Sont gravés sur le Mur des Noms, les prénoms, noms et années de naissance des 76 000 Juifs déportés de France entre mars 1942 et août 1944, principalement vers Auschwitz. Plus de 80 000 autres personnes, non juives, résistants, politiques et droits communs, ont été déportées, généralement depuis Compiègne, vers les camps de concentration situés sur le territoire du Reich (Buchenwald, Dachau...).
    Le Mémorial des Enfants rend hommage aux 11 500 enfants juifs déportés de France et, pour la plupart, assassinés à Auschwitz dès l'arrivée des convois. Y sont exposées environ 4000 photographies rassemblées par l'historien et avocat Serge Klarsfeld.
    Le fichier exposé dans la crypte du Mémorial a été établi par la Préfecture de Police de la Seine à partir des fiches de recensement remplies par la population juive de Paris et de sa proche banlieue à l'automne 1940. Bien qu'il soit présenté au Mémorial, ce fichier demeure la propriété des Archives nationales.

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