Tadeusz Pankiewicz dans sa pharmacie entouré de son personnel. De gauche à droite, Helena Kryvaniuk, Aurelia Danek et Irena Drozdzikowska. 1941-1942. Collection du MHK. |
A la création du ghetto juif de Cracovie en mars 1941, les habitants polonais du quartier de Podgórze sont obligés de partir. Tadeusz Pankiewicz négocie avec les autorités allemandes le maintien de sa pharmacie en expliquant que sa présence est indispensable pour empêcher les épidémies, notamment le typhus – ce que craignaient par dessus tout les Allemands. Moyennant un pot de vin, on lui accorde une autorisation pour rester.
Il est le seul non-Juif à demeurer dans le quartier.
Ouverte à toute heure, week-end compris, la pharmacie devient un lieu d’accueil pour les Juifs du ghetto. Outre les médicaments, ils y trouvent bienveillance et compréhension. En effet, la pharmacie devient le lieu où ils s’expriment librement, échangent des informations et repartent réconfortés. Ils peuvent en outre compter sur le pharmacien et ses aides pour faire passer leur correspondance à l’extérieur du ghetto, recevoir de l’argent, mais aussi cacher les rouleaux sacrés de la Torah les plus précieux et leurs archives familiales.
Le bâtiment de l'ancienne pharmacie à l'angle de la place des héros |
Plusieurs fois inquiétés par les Allemands, Tadeusz Pankiewicz et ses trois collaboratrices s’en sortent grâce à des cadeaux et de l’argent habilement distribués.
A la liquidation du ghetto les 13 et 14 mars 1943, Tadeusz Pankiewicz assiste à l’assassinat des enfants juifs qui se déroule sur la place, sous les fenêtres de la pharmacie. Il a raconté tous ces événements dans ses mémoires après la guerre sous le titre "La pharmacie du ghetto de Cracovie" . Cet ouvrage, aujourd’hui épuisé en Pologne et en France, est une source incomparable car il le fait d’un acteur et d’un témoin privilégié de la vie du ghetto et des derniers moments de la vie de la communauté juive de Cracovie.
Tadeusz Pankiewicz a été reconnu « Juste parmi les Nations » par l’Etat d’Israël en 1983.
Caroline et Dominique Dubois.
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