Vue du quartier de Kazimierz à l'époque moderne |
Alors qu’il abritait une bonne partie des 65 000 juifs que comptait Cracovie à la veille de la guerre – soit un quart de la population totale de la ville – ce quartier peuplé aussi de catholiques ne compte plus aujourd’hui que quelques centaines de juifs dont seulement 190 pratiquants officiellement inscrits auprès des différentes synagogues.
Séparé initialement du reste de la ville par un bras de la Vistule, le quartier, qui doit son nom au roi Casimir le Grand, fut progressivement vidé de ses habitants juifs au gré des expulsions successives.
En l’absence de signes tangibles dans la rue, parmi la foule, c’est par ses monuments que la réalité de l’implantation passée et actuelle de la communauté juive se révèle. Si bains publics rituels, abattoirs et synagogues étaient traditionnellement constitutifs de l’identité du quartier juif, il ne subsiste aujourd’hui qu’une partie des cimetières historiques et de nombreuses synagogues, pour partie transformées en musées du folklore juif à l’instar de la Vieille Synagogue.
On peut encore arpenter en toute quiétude les allées silencieuses des cimetières dont certains semblent presque à l’abandon et déambuler entre les maceva, ces pierres tombales si caractéristiques, souvent fendillées faute d’entretien par de trop rares descendants des défunts.
C’est l’inauguration en 1988 d’un festival de la culture juive et, surtout, la sortie en 1991 du film de Spielberg la Liste de Schindler, tourné en partie dans le quartier notamment rue Meiselsa, qui marquent le renouveau de Kazimierz. Depuis lors, cafés et restaurants aux façades ornées d’inscriptions hébraïques ou assimilées, et arborant d’ostensibles étoiles de David ont ouvert, avides de profiter de la manne financière générée par ces événements médiatiques.
Photo: Thierry Flammant |
Au fond, le quartier semble avoir été victime de son succès médiatique et d’y avoir perdu un peu de son âme.
Philippe Couannault
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